ANN: Séminaire Patrimoine spolié pendant la période du nazisme 1933-1945 (INHA Paris / online: 14 Oct / 10 Nov / 9 Dec 2021, 18:00-20:00)

Les locaux du Centre de documentation Juive Contemporaine (CDJC). Paris, 1953.© Coll. Mémorial de la Shoah, Paris.


Après un premier cycle de séminaires « Patrimoine spolié pendant la période du nazisme (1933-1945) » en 2019, consacrés à la recherche de provenance dans différents pays, musées ou collections, le séminaire poursuit l’étude de quelques cas particuliers, aborde de nouveaux pays et s’intéresse à la situation de certaines galeries. Pour cette deuxième année, le séminaire, organisé en lien avec l’Institut national du patrimoine et la Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945 du ministère de la Culture, élargit la réflexion au contexte, à la signification et aux conséquences des recherches de provenance et des restitutions d’œuvres d’art. Si la nécessité de la recherche et des restitutions des biens spoliés pendant la période nazie s’est désormais, et heureusement, imposée, cette quête suscite encore critiques et interrogations. Les questions sont nombreuses : pourquoi recherche-t-on les œuvres d’art ? Pourquoi s’intéresse- t-on aux œuvres d’art plus qu’à d’autres biens spoliés ? Quelles sont les conséquences d’une restitution pour les descendants de personnes spoliées ? Qu’est-ce que restituer veut dire, pour les descendants des spoliés, qui se retrouvent aux prises avec une mémoire parfois difficile à affronter, ou pour les musées, qui voient partir une œuvre jusque-là exposée au public ?

Le séminaire s’intéressera également aux artistes et écrivains inspirés aujourd’hui par les thèmes de la spoliation, la disparition et la recherche des traces. Au côté des chercheurs de provenance, des historiens de l’art et des juristes, ces créateurs entretiennent le souvenir des hommes et des femmes qui furent spoliés ; ils retracent et font revivre autrement le parcours des biens et de leurs anciens propriétaires dépossédés.

Programme OCTOBRE – DÉCEMBRE 2021

14 OCTOBRE

Les musées pendant la guerre : entre enrichissement des collections, sauvegarde du patrimoine français et opportunisme ?

Intervenante : Elizabeth Campbell (université de Denver)

Comme tous les acteurs du marché de l’art, les musées ont, pendant l’Occupation, continué à acheter, à enrichir les collections. Les acquisitions relèvent de plusieurs mouvements concomitants, qu’il faut tenter de saisir : volonté d’enrichir les collections ; volonté de préserver le patrimoine français et éviter son départ et sa disparition en Allemagne ; saisir l’occasion du grand nombre de ventes pour acquérir des biens parfois recherchés depuis longtemps, sans s’intéresser à la provenance.

Cette séance sera consacrée en particulier à un aspect peu connu des acquisitions : les collections de propriétaires juifs placées sous séquestre, que les Musées nationaux souhaitaient acquérir dans le cadre d’un processus budgétaire spécifique. Bien que le projet n’ait pas été réalisé et que les œuvres séquestrées aient été restituées aux propriétaires légitimes après la guerre, cet épisode mérite une attention particulière. Que nous apprend-il des agents qui ont mené cette politique ? Comment analyser l’action des musées nationaux, sans jugement anachronique ? Ces questions touchent plus largement au rôle du fonctionnaire et du membre de l’administration dans une période trouble, et aux choix institutionnels et individuels, sensibles et complexes.

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10 NOVEMBRE

La loi normale des erreurs

Intervenant : Raphaël Denis (artiste-plasticien)

Artiste-plasticien, Raphaël Denis développe depuis 2014 sous le titre La loi normale des erreurs une série d’installations autour des spoliations d’œuvres d’art survenues en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Présentées dans plusieurs musées (Musée national Picasso et musée national d’art moderne – Centre Georges-Pompidou à Paris, musée Berggruen à Berlin, Kunsthaus à Zürich), ces installations invitent à la fois à visualiser l’ampleur des spoliations et à découvrir, via la mise à disposition d’une importante documentation, les détails de leur histoire. S’appuyant sur les fiches de l’ERR (Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg) disponibles en ligne, elles sont nourries par un important travail d’archives qui a pu conduire l’artiste à l’identification d’une oeuvre d’art non restituée. La démarche artistique a ainsi été une voie d’entrée inattendue dans le monde de la recherche.

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9 DÉCEMBRE

La restitution des biens culturels en France, de 1944 aux années 1990: entre politique publique, demande sociale et rapport au passé

Intervenants : Claire Andrieu (Sciences Po, Paris), Simon Perego (Institut national des langues et civilisations orientales)

Dans l’après-guerre, la restitution des biens culturels s’est faite presque sans publicité. Ni l’État ni les spoliés n’ont mené de campagne publique. Plus tard, les mémoires des victimes de la persécution ne se sont pas non plus étendus sur la spoliation et la restitution. Ce relatif silence n’est pas synonyme d’inertie. Les organisations juives et les requérants ont orienté la politique publique de la France et surtout de l’Allemagne à partir de 1957. C’est sans bruit également que la première phase française de restitution a pris fin, dans les années 1950. Entamée dans les années 1990, la deuxième phase a pris son essor, au contraire, dans l’espace médiatique, et suscité la publication de témoignages de la part de la troisième génération. La question des oeuvres d’art en a été l’un des moteurs. Peut- on considérer que le rapport au passé s’est transformé ?

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Institut national d’histoire de l’art Galerie Colbert, auditorium Jacqueline Lichtenstein
2, rue Vivienne ou 6, rue des Petits- Champs 75002 Paris
Pour plus d’information Accueil INHA : 0147038900 inha.fr

En partenariat avec l’Institut national du patrimoine.

Comité scientifique : Danièle Cohn (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Christian Hottin (INP), France Nerlich (INHA), Ines Rotermund-Reynard (INHA), Juliette Trey (INHA), David Zivie (mission M2RS, ministère de la Culture)

Programme de recherche « Répertoire des acteurs du marché de l’art en France sous l’Occupation (1940-1945) », cheffe de projet Ines Rotermund- Reynard (domaine Histoire des collections, histoire des institutions artistiques et culturelles, économie de l’art)

Si vous ne pouvez pas assister en personne, nous vous rappelons que toutes les séances sont filmées et que vous pouvez les visionner sur la chaîne Youtube de l’INHA : 
https://www.youtube.com/playlist?list=PLsl8NWzVv6T1Vs_eafbgQS3UzDcF7HlOQ